Exposition photographique "Une fenêtre sur la rue"
Du 2 au 25 novembre
Parce qu’elle porte en elle ce stigmate vaguement misérabiliste qui lui est culturellement attaché, la photographie sociale souvent incarcère sans le vouloir les hommes et les femmes sans domicile fixe, dans un monde clos où, bien à l’abri, tout le monde les attend. Pourtant, à chaque rencontre, il me devenait évident que la frontière est ténue entre la rue et l’intérieur, entre elles et moi ; une coïncidence, une marche trébuchée, un instant de colère, un désir momentané de se soustraire aux autres, et les voici de l’autre coté du monde, si près, si loin, à peine l’épaisseur d’une vitre. Ce local est une maison ouverte exclusivement aux femmes, en journée. Pour quelques heures, une maison, habiter quelque part, être dedans, avant de retourner dans la nuit. L’intérieur, cet endroit où se répètent les gestes communs qui nous font hommes et femmes : se laver, se nourrir, se reposer, s’aimer.
A l’intérieur, attendre des jours meilleurs, contempler avec fatalité son destin solitaire, chercher sa place, entrer fièrement sur la scène avec tous les autres.